Le projet Cartofora


Contexte et enjeux


Les recherches menées depuis une trentaine d’années ont montré que l’ancienneté de l’état boisé est un élément clé non seulement de la répartition actuelle des espèces mais également du fonctionnement des écosystèmes forestiers. La mémoire des écosystèmes s’explique par les modifications des sols induites par les usages agricoles et par la lenteur de la dispersion des espèces depuis les forêts anciennes vers les forêts récentes. On distingue ainsi les forêts « anciennes » qui étaient présentes sur une carte à une date donnée (en général au moins 150 ans), et les forêts « récentes », apparues depuis cette date ; les termes « ancien » ou « jeune » se réfèrent donc à l’ancienneté de l’état boisé et non à l’âge des peuplements forestiers.

Depuis peu, l’intérêt pour les occupations anciennes du sol s’est élargi aux prairies anciennes afin de mieux appréhender leur disparition au profit des cultures de labour, ou encore aux zones de vignoble et au bâti. Ainsi, l’occupation ancienne du sol est devenue une donnée incontournable pour un grand nombre d’analyses locales ou régionales concernant la valeur patrimoniale, la distribution et la conservation de la biodiversité, la mise en place des trames vertes, la fertilité des milieux, leur capacité à stocker du carbone, etc. L’information sur l’occupation historique des sols apporte un élément de compréhension tout aussi utile que celle sur les contraintes naturelles classiques, climatiques, pédologiques, topographiques ou autres.

Les connaissances et attentes ont amené chercheurs et gestionnaires du milieu naturel à une traduction opérationnelle du concept d’occupation ancienne du sol sous la forme de cartes vectorisées. Il y a dix ans à peine ont démarré les premiers travaux à l'échelle régionale. Parmi les cartes ou statistiques disponibles à différentes dates et échelles, la carte d'Etat-Major dont les minutes ont été levées au 1 : 40 000 entre 1825 et 1866, constitue une source particulière d'information pour l’étude des occupations anciennes de sols Cette période correspond sensiblement à la date du dernier minimum forestier connu en France : les surfaces forestières encore existantes à cette époque sont donc celles qui ont le plus de probabilité d’être (plus) anciennes. En outre, les effets de l’usage ancien du sol restent encore très perceptibles à l’heure actuelle.

Les cartes réalisées à ce jour représentent déjà 33% du territoire. Elles permettent de dessiner avec une bonne précision et de comparer les changements d'occupation du sol dans différentes régions de France. L'objectif d’aboutir à la réalisation d’une carte complète à l’échelle de la métropole pourrait se concrétiser assez vite grâce notamment à la multiplication des acteurs intéressés, notamment au niveau régional, à la simplification des procédures de production des cartes et depuis peu, à l’intervention de l’IGN en tant que coordinateur et référent national.






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