Tassement et érosion des sols

Le passage des engins mécaniques utilisés dans la récolte de biomasse forestière engendre un risque de tassement des sols forestiers. Ce tassement ainsi que le prélèvement accru de la biomasse forestière augmente le risque d’érosion des sols.

I. Quels sont les risques liés au tassement et à l’érosion des sols forestiers ?

II. Comment évaluer les risques de tassement et d’érosion des sols ?

III. Quelles mesures pour réduire ces risques ?

I. QUELS SONT LES RISQUES LIES AU TASSEMENT ET A L’EROSION DES SOLS FORESTIERS ?

1. Le tassement des sols

Le tassement des sols peut se produire dès les premiers passages des engins : 80 à 90% du tassement des horizons de surface du sol a lieu entre le premier et le troisième passage.

Ce tassement diminue la porosité du sol, réduisant ainsi la circulation de l’eau et de l’air. Or, la biodiversité présente dans le sol dépend fortement de son aération et son humidité. L’activité biologique d’une partie de cette biodiversité contribue à la fertilité des sols. La baisse de l’activité biologique du sol causée par des conditions environnementales moins favorables à cette biodiversité entraine donc également une baisse de leur fertilité.

De plus, les racines pénètrent plus difficilement dans les sols tassés, ce qui impacte la nutrition et la croissance des arbres.

Les dégâts occasionnés par le tassement des sols sont peu réversibles, et le temps nécessaire pour retrouver des conditions propices à la végétation est très long (> 10 ans).

Les sols ont des sensibilités au tassement très variées, en fonction de divers facteurs : charge en cailloux, texture, structure, densité des racines, hétérogénéité des horizons, etc. Un sol est d’autant plus sensible au tassement qu’il est humide.

2. L’érosion des sols

L’érosion des sols en forêt entraine la dégradation puis le déplacement des couches superficielles du sol. En métropole, elle est principalement causée par les précipitations et le ruissellement des eaux de pluie.

La perte des couches superficielles riches en nutriments diminue la fertilité des sols.

La vulnérabilité des sols à l’érosion est variable en fonction de leur texture, de leur teneur en matière
organique, de leur structure et de leur teneur en éléments grossiers pouvant freiner les flux d’eau.

Le risque d’érosion des sols est présent à partir d’un seuil approximatif de 25% de pente. Un quart des forêts métropolitaines sont situées sur des pentes supérieures à 25% :

Le tassement des sols engendré par le passage des engins forestiers et la mise à nu des sols suite aux coupes rases ou aux prélèvements importants de résidus de bois aggravent le phénomène d’érosion dans les zones en pente.

II. COMMENT EVALUER LES RISQUES DE TASSEMENT ET D’EROSION DES SOLS ?

1. Evaluer les risques de tassement des sols :

La sensibilité des sols au tassement est évaluée en fonction de deux paramètres :

  • la texture et le pourcentage d’éléments grossiers dans le sol
  • Le taux moyen d’humidité

Ce diagnostique est réalisé sur les 50 premiers centimètres du sol, les propriétés et l’humidité du sol variant avec la profondeur. Le taux d’humidité évolue dans le temps et doit donc être évaluer au moment de la coupe.

Les méthodes pour mesurer ces deux variables sont détaillés dans le guide PROSOL.

2. Evaluer les risques d’érosion :

La sensibilité des sols à l’érosion est évaluée en fonction de deux facteurs principaux :

  • La pente
  • Le taux de couverture végétale forestière

La clé de diagnostic de sensibilité des sols en pente établie dans le cadre du projet INSENSE montre l’incidence de ces facteurs :

Selon le résultat du diagnostic, des précautions seront nécessaires pour limiter la perte de sol au
niveau du chantier et pour préserver les cours d’eau.

III. QUELLES MESURES POUR REDUIRE CES RISQUES ?

Des précautions et mesures peuvent être mises en place afin de limiter les risques de tassement et d’érosion des sols lors des récoltes forestières :

  • Choisir attentivement l’entreprise et son matériel de récolte : le matériel doit être adapté à la sensibilité diagnostiquée des sols
  • Mettre en place un réseau de cloisonnement
  • Eviter l’utilisation d’engins lourds dans les zones les plus sensibles
  • Disposer des menus bois sur les cloisonnements : ces bois serviront de « coussins de protection » lors du passage des engins forestiers et diminueront le tassement et l’orniérage des sols.
  • Ne mettre en route le chantier que si la portance des sols est suffisante : estimée grâce aux diagnostiques de sensibilité des sols aux risques de tassement et d’érosion. Les parcelles sensibles sont à exploiter en priorité lorsque le sol est sec ou gelé.
  • Adapter les délais d’exploitation et de réalisation : l’abattage et le débardage des arbres doivent se faire hors des périodes de sensibilité des sols, au risque de tassement.
  • Prévoir une procédure d’interruption en cas d’orniérage
  • Limiter le plus possible la surface des coupes rases dans les zones en pente et la récolte des rémanents