Scénarios économiques de long terme : hypothèses et mécanismes déterminants pour les trajectoires d’émissions futures
La production et l’étude des scénarios économiques de long-terme est une étape incontournable dans la définition de politiques climatiques, tant pour mesurer les risques de l’inaction, que pour évaluer ex ante les impacts potentiels des mesures envisagées. Pour répondre à cette demande, les économistes ont développé des capacités croissantes de modélisation numérique et produit de nombreuses expériences de simulation, telles que les scénarios SRES, reconnus et très exploités par la communauté scientifique.
Cependant d’importantes lacunes sont aujourd’hui mises en évidence dans les méthodes, les outils et les hypothèses retenues dans ces exercices de scénarisation : on peut citer par exemple :
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le manque de cohérence interne entre les hypothèses de base des trajectoires simulées,
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l’absence de certains mécanismes importants pour évaluer le coûts des politiques : déséquilibres financiers, commerciaux, utilisation sous-optimale des facteurs, pénurie de ressources fossiles
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le caractère optimal de la majorité des trajectoires.
Pour faire face aux questions méthodologiques et théoriques posées par ces insuffisances, des dynamiques de recherche conduisent à développer des modèles hybrides, permettant une modélisation de long-terme plus réaliste et dont la discussion entres acteurs (scientifiques, décideurs publics, industriels) doit être facilitée. Ces progrès scientifiques ouvrent de nouvelles perspectives d’analyse des trajectoires de long-terme, notamment une meilleure compréhension des interactions entre mécanismes macroéconomiques, progrès technologiques et évolution des styles de vie, et par extension des leviers ou des obstacles pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le projet de recherche détaillé ici s’inscrit à la croisée de ces perspectives scientifiques dynamiques et d’une demande croissante d’aide à la décision publique. Il est motivé en particulier par l’existence de deux type de risques de long-terme : les risques de dérapage à la hausse des émissions de GES par exemple en cas d’un recours important à l’énergie issue du charbon ; au contraire les risques économiques de blocage de la croissance des plus importants pays en développement (Chine, Inde), qui limiteraient en même temps la croissance des émissions. Ce projet propose, à partir de scénarios produits préalablement avec le modèle hybride Imaclim-R développé au CIRED, d’effectuer une analyse complète du rôle respectif des déterminants macroéconomiques (croissance, démographie, règles internationales), technologiques (potentiels de substitution, gains d’efficacité, innovations) et externes (chocs énergétiques, géopolitiques, dommages climatiques non-évités) dans les trajectoires d’émissions, avec ou sans politiques climatiques.
Une attention particulière sera accordée à la discussion des résultats avec les partenaires publics et privés tout au long des travaux, et à la diffusion des analyses au plus haut niveau international.
Coordinateur(s) |
Sandrine MATHY, Chargé de recherche CNRS, chercheur associé au CIRED |
Partenaire(s) |
CIRED |
Financeur(s) |
ADEME
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