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Programme de recherche Ecosystèmes Tropicaux 2001 – Texte de l’APR

12 projets ont été sélectionnés dans le cadre de cet APR. Les travaux ont commencé courant 2003 et se sont achevés en 2006.

Texte de l’appel à proposition de recherche

Durée des projets: trois ans

Lors du second Comité Interministériel de la Recherche Scientifique et Technologique (CIRST), qui s’est tenu le 1er juin 1999, le gouvernement a décidé que la biodiversité était l’un des thèmes prioritaires de recherche pour les prochaines années.

Dans ce contexte, le programme « Ecosystèmes tropicaux » du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, en coordination avec l’Institut Français de la Biodiversité, a pour objectif principal de promouvoir une recherche finalisée sur le thème de la diversité biologique et de son utilisation dans le cadre des écosystèmes et des agrosystèmes tropicaux dans les Départements et Territoires d’Outre Mer, pour répondre à des questions pressantes des gestionnaires de l’environnement.

Un premier appel à propositions de recherche a été lancé en 1999. Deux axes de recherche avaient été retenus parmi les thèmes prioritaires identifiés, après consultation des responsables locaux en matière de recherche et de conservation :

(1) les répercussions des pressions anthropiques exercées sur les ressources vivantes, et

(2) la capacité de résistance des espèces endémiques et patrimoniales, face, notamment, aux invasions biologiques.

Parmi les projets soumis, 11 projets de recherches ont été financés ; les recherches ont été engagées pour une durée de 3 ans, les résultats sont attendus pour fin 2002.

Cet appel à proposition de recherches concerne deux thématiques complémentaires, également reconnues prioritaires en 1999 par le conseil scientifique et par le comité d’orientation :

  • La pression sur les ressources naturelles
  • Les critères d’évaluation de la biodiversité : à quelles échelles ?

1. La pression sur les ressources naturelles

L’objectif principal recherché dans cette première partie de l’appel à propositions est l’étude de la co-viabilité entre les pratiques sociales et les systèmes naturels, en vue d’un développement durable et du maintien de la biodiversité. Ce positionnement amène à suggérer que les paramètres à prendre en compte se référent :

  • aux fondements culturel, juridique, économique de l’appropriation des ressources naturelles dans des contextes de subsistance et/ou de profit.
  • aux usages et conséquences des pratiques sur la gestion à long terme des ressources naturelles.

Une attention toute particulière sera accordée à la  » renouvelabilité  » des populations ressources, c’est-à-dire aux recherches sur les conditions (naturelles et sociétales) et les processus permettant leur renouvellement spontané. Les paramètres à considérer doivent prendre en compte l’hétérogénéité des acteurs impliqués, et permettre de proposer des modes de gestion, en particulier dans les cas de conflits d’usages.

La collaboration entre sciences humaines et sciences écologiques est encouragée. Elle pourrait s’organiser, par exemple, autour de l’élaboration de méthodes d’évaluation du niveau de pression sur les ressources par rapport aux potentialités de régénération du milieu.

2. Les critères d’évaluation de la biodiversité : à quelles échelles ?

Les connaissances relatives à la biodiversité étant généralement acquises dans un espace particulier, parfois indéfini, leur utilisation pour caractériser un espace plus vaste, ou défini en fonction de critères d’ordre législatif, pose problème. L’exemple des cartes de répartitions biologiques limitées par des frontières nationales illustre cette difficulté. La réponse à ces questions passe notamment par un développement des connaissances sur les relations pouvant exister entre niveaux de diversité (génétique, spécifique, communauté…) et échelles spatiales (station, écosystèmes, paysage). Les objectifs de gestion amènent par ailleurs à devoir tenir compte des échelles propres à l’utilisation et/ou à la gestion administrative des milieux. Les dimensions politiques et démographiques (impact des migrations et, d’une façon générale, des mouvements spontanés de populations) peuvent aussi être concernées.

Les approches de la diversité considérées ici peuvent inclure la diversité floristique ou faunistique, la diversité génétique intraspécifique ou encore la diversité fonctionnelle concernant à la fois des caractéristiques biologiques (reproduction, réseaux trophiques,…), écophysiologiques et biogéochimiques.

Dans tous les cas, il conviendrait de définir les échelles spatiales de référence d’un point de vue écologique et d’étudier la complémentarité et l’articulation fonctionnelle entre espaces emboîtés ou juxtaposés. Il faudrait en conséquence rechercher les relations et l’organisation entre composantes de la diversité, mesurer les effets biocénotiques des variations environnementales (ex : climatiques, édaphiques, etc.) notamment en réponse à des gradients de contraintes, et prendre en compte les effets des activités humaines et de l’anthropisation. Les outils de la télédétection, couplés avec les inventaires, peuvent être envisagés pour dégager les échelles pertinentes.

L’utilisation scientifique de connaissances préalables acquises à l’occasion d’études d’impact est recommandée. La modélisation mathématique et la simulation peuvent contribuer utilement à clarifier la portée des critères envisagés.

Les recherches ont notamment porté sur l’un des aspects suivants :

  • les relations entre structure géographique et diversité floristique, faunistique ou encore diversité génétique (installation et/ou maintien) ;
  • les effets de l’histoire récente en relation avec les traits biologiques et adaptatifs des espèces ;
  • les potentialités de flux de gènes à longue distance (notamment les possibilités de transport par mouvements atmosphériques) ;
  • les relations inter ou intraspécifiques et leur niveau de fonctionnalité ;
  • l’évaluation de la diversité  » utile  » en prenant en compte certaines fonctions recherchées (biofertilisants, bioremédiation, molécules et gènes d’intérêt économique).

3. Critères de sélection

Le champ d’application du programme concerne les milieux tropicaux terrestres et aquatiques continentaux des DOM-TOM, ou extérieurs à titre comparatif. Les projets proposés se sont attachés à montrer la particularité des écosystèmes tropicaux pris en compte.

Les projets de recherche associant réellement les sciences humaines et les sciences de la nature ont été vivement encouragés, notamment pour le premier volet.

Tout projet a du présenter un état détaillé des connaissances sur le sujet proposé, acquis par les travaux antérieurs. Il a du clairement mettre en évidence les connaissances nouvelles qu’il vise à acquérir. Les proposants ont du situer leur projet en référence au contexte scientifique international et dans le cadre de leurs programmes en cours, en précisant le mode et le degré d’implication de chaque participant.

Bien qu’ils ne constituent pas une priorité dans le cadre de ce programme, les inventaires d’espèces ont été envisagés en corollaire, dans la mesure où ils venaient à l’appui d’une problématique clairement définie dans le projet.

La qualité scientifique et le degré d’innovation ont été prépondérants. Une grande attention a été portée aux aspects méthodologiques. Chaque proposition mentionnait précisément les protocoles mis en place, les expérimentations projetées, le temps nécessaire à la réalisation du projet proposé, ainsi que les types de résultats escomptés. Enfin, il y a fallu dégager les applications concrètes de ces résultats en matière de gestion et préservation des ressources naturelles. Des propositions sur la valorisation des résultats de la recherche, notamment les modes de restitutions aux populations locales impliquées, étaient particulièrement attendues.