Etude de l’impact des changements climatiques sur les maladies à transmission vectorielle en Afrique de l’Ouest : les cas de la borréliose à tiques et du paludisme
APR 2002 – projet 5
Le paludisme et la borréliose à tiques constituent les deux premières causes de morbidité par maladie vectorielle dans les régions de savane de l’Afrique subsaharienne. Elles constituent aussi les deux maladies tropicales dont l’épidémiologie a été le plus affectée ces dernières années par le changement climatique.
Dans le cas de la borréliose à tiques (fièvre récurrente à Borrelia crocidurae), il a été montré au Sénégal que la persistance du déficit pluviométrique depuis le début des années 1970 avait été associée à une extension considérable de la distribution géographique de la maladie et de la tique vectrice Alectorobius sonrai, espèce autrefois limitée aux régions sahariennes et sahéliennes et également signalée en zone méditerranéenne. Cette tique, qui vit habituellement dans les terriers des petits mammifères constituant le réservoir de la maladie, pique occasionnellement l’homme et lui transmet ainsi la borréliose.
Au Sénégal, cette maladie est maintenant présente en zone de savane soudanienne et elle constitue désormais en zone rurale la seconde cause de consultation en dispensaire pour une maladie à transmission vectorielle. Peu de données sont disponibles pour les autres pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord et les limites de répartition du vecteur dans ces pays ne sont pas connues. Il est proposé de vérifier l’hypothèse d’une extension généralisée de la borréliose à tiques en zone soudanienne, du Sénégal au Tchad, qui correspondrait au déplacement vers le sud de l’isohyète 750 mm depuis 1970. Il est également proposé de confirmer la présence du vecteur en zone méditerranéenne, de comparer le fonctionnement des systèmes hôte/vecteur/parasite en zone soudanienne, sahélienne et saharienne, et de génotyper à l’aide des outils de la biologie moléculaire les populations de Borrelia crocidurae et d’Alectorobius sonrai de différentes régions géographiques et zones écologiques. La compréhension des modalités de la contamination de l’homme, notamment la vérification de l’hypothèse que la tique vectrice ne sort des terriers que la nuit et que la quasi-totalité des contacts homme-tique sont intra-domiciliaires et associés à la présence de terriers dans les maisons, permettrait de proposer une gestion du risque basée sur la seule destruction des terriers de rongeurs débouchant à l’intérieur des habitations. La détermination de marqueurs moléculaires de B. crocidurae permettrait le développement de méthodes diagnostiques rapides et performantes.
Dans le cas du paludisme, la sécheresse a fortement réduit dans ces mêmes régions d’Afrique la répartition, l’abondance et le taux d’infection des anophèles vecteurs. La perte d’immunité des populations nord-sahéliennes est susceptible d’occasionner des phénomènes épidémiques de grande ampleur et gravité, notamment en cas d’événement climatique extrême (pluies diluviennes) dans des localités ou régions où des aménagements hydrauliques permettent le maintien permanent de petites populations d’anophèles vecteurs. Il est proposé une série d’enquêtes entomologiques au Sénégal et en Mauritanie dans le cadre de la préparation d’un projet dont l’objectif serait de vérifier l’hypothèse qu’une prédiction du risque épidémique est possible à partir de la surveillance d’un nombre réduit de paramètres climatiques, entomologiques et environnementaux. Les données recueillies en Mauritanie permettront aussi de mieux préciser les risques de pénétration de Anopheles gambiae s.l. en Afrique du Nord à la suite de l’ouverture en 2001 de la frontière entre la Mauritanie et le Maroc.
Coordinateur(s) |
Jean-François Trape, IRD – Centre de Dakar |
Partenaire(s) |
IRD – Centre de Montpellier |
Financeur(s) |
MEDD
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Budget |
115000€ TTC
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