L’océan austral recèle des stocks considérables de poissons pélagiques encore quasi inexploités. En termes de biomasses et de diversité spécifique, l’importance de ces ressources est particulièrement remarquable dans les eaux entourant les Terres Australes et antarctiques Françaises (DOM-TOM). Ces ressources constituent la base de la nourriture pour de très importantes populations de prédateurs (oiseaux, pinnipèdes).

Des études récentes montrent que l’océan austral présente une variabilité inter annuelle de ses propriétés physiques pouvant être attribuée à l’ENSO (El Niño Southern Oscillation) et à l’Onde Circumpolaire Antarctique. Si les conséquences désastreuses de l’ENSO sur les ressources marines tropicales sont bien documentées, son impact sur les ressources et les chaînes alimentaires de l’océan austral est beaucoup moins connu. A long terme, l’impact de la variabilité climatique reste une inconnue majeure. Ces difficultés sont en partie liées à l’immensité des zones océaniques concernées et à la taille des stocks en jeu (200 à 400 millions de tonnes pour les poissons pélagiques myctophidés).

Le présent projet, pluridisciplinaire, propose d’évaluer l’impact des changements climatiques à court et à long terme sur l’abondance, la distribution, et la biodiversité des ressources en poissons pélagiques, par l’intermédiaire d’une approche originale, basée sur l’utilisation des principaux prédateurs (oiseaux marins, pinnipèdes) comme auxiliaires océanographiques. Le site d’étude sera la partie indienne de l’océan austral, notamment les Terres Australes et Antarctiques Françaises (DOM-TOM, îles Kerguelen et Crozet, principalement), où plusieurs pêcheries se développent actuellement.

Trois axes de recherche seront développés : I) Une simulation de l’abondance et de la distribution spatio-temporelle des ressources marines (du niveau trophique secondaire). II) Une confrontation des séries simulées d’abondance de proies aux paramètres bio-indicateurs de prédateurs marins, situés au sommet des réseaux trophiques. III) Une approche prédictive de l’effet du changement climatique, basée sur un modèle intégré évoluant sous différents niveaux de forcages du système océan-climat. Les habitats spécifiques régionaux des ressources seront forcés par les prédictions sur 200 ans d’un modèle couplé océan austral /atmosphère incluant des scénarios anthropiques de Co² pour explorer les réponses potentielles des stocks en poissons pélagiques de l’océan indien, incluant la zone économique des T.A.A.F.

Les informations bio-indicatrices des prédateurs seront obtenues à partir de l’étude précise de leurs activités alimentaires en haute mer, à partir de l’utilisation de capteurs et émetteurs miniaturisés (données CEPE-CNRS et CEBC-CNRS). Les analyses de ces suivis (saisonniers et interannuels), permettront d’étudier i) la répartition spatiale des ressources en poissons myctophidés, à différents niveaux d’échelle ii) d’estimer l’abondance relative et la densité de ces poissons, via la mesure de l’effort de pêche des prédateurs (données de type  » Catch Per Unit Effort « ).

La variabilité climatique dans les zones océaniques concernées sera analysée à partir des données de télédétection spatiale et des stations hydrologiques de références, intégrées au programme CLIVAR et par télédétection spatiale. La distribution des proies des poissons considérés sera établie au moyen des modèles développés par le laboratoire du LODyC ( » modèle transfert trophique  » forage « ).

Ce projet intégré, basé sur des recherches pluridisciplinaires et des méthodes de pointe, est le premier qui permette une approche prédictive de l’impact potentiel du changement climatique (à court et à long terme) sur des ressources océaniques très importantes de l’océan austral, notamment dans la zone économique des DOM-TOM concernés.